Cinna, de Corneille, a été un " mythe fondateur " pour le théâtre moderne. Cette pièce établit l'importance fondamentale de la maîtrise de soi d'un personnage central
pour le bonheur individuel et le maintien de l'harmonie sociale.
Par la suite, les auteurs du répertoire (Molière avec Les Femmes savantes, Marivaux avec Le Triomphe de l'amour, Musset avec Lorenzaccio et
On ne badine pas avec l'amour, Lenz avec Le Précepteur, Goethe avec Faust, Büchner avec Woyzeck, Strindberg avec Père, Danse de mort, Créanciers, Wedekind avec L'Éveil du printemps,
Tchékhov avec Oncle Vania, Adamov avec La Grande et la petite manoeuvre et Le Professeur Taranne, Ionesco avec La Leçon, Beckett avec En attendant Godot) ont critiqué la thématique de la
maîtrise de soi à travers les aventures récurrentes d'un couple composé d'un maître et d'un disciple. On a pu, à partir des pièces, proposer un modèle idéal d'un tel couple dans lequel le
maître est un homme âgé qui a un rapport privilégié avec le savoir - c'est un philosophe, un savant ou un professeur qui incarne la valeur éthique de la maîtrise de soi, - et un disciple
plus jeune, partagé entre, d'une part, une conduite morale imitée du maître et, d'autre part, l'instinct et les exigences de la vie empirique.
A l'exception de Fin de partie de Samuel Beckett dans laquelle le maître a une influence positive sur le disciple, les personnages qui ne se dégagent pas de l'emprise du maître
et suivent la loi morale de la maîtrise de soi sont détruits tandis que ceux qui échappent à sa domination et transgressent la morale de la maîtrise de soi sont sauvés.